Specula Revista de Humanidades y Espiritualidad

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LES BELLES FORTERESSES DES CHRONIQUES DE MONSTRELET ET LEUR CONTINUATION DANS LES MANUSCRITS DE GEORGES D’AMBOISE (PARIS, BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE, MS. 2678-2679)

THE BEAUTIFUL FORTRESSES OF MONSTRELET’S CHRONICLES AND THEIR CONTINUATION IN GEORGES D’AMBOISE’S MANUSCRIPTS (PARIS, BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE, MS. 2678-2679)

Christiane Raynaud1

Fechas de recepción y aceptación: 16 de mayo de 2023 y 2 de septiembre de 2023

DOI: https://doi.org/10.46583/specula_2024.8.1113

Résumé: Les Chroniques de Monstrelet font mention de forteresses de manière laconique, avec quelques adjectifs peu explicites. Les descriptions sont rares et lacunaires. Pour Jean Pichore et le Maître de Philippe de Gueldre chargés d’illustrer ces récits, la difficulté n’est pas mince. Les images qu’ils donnent de ces lieux fortifiés sont pourtant parmi les plus réussies, quelle que soit la part des stéréotypes ou des éléments empruntés au réel. L’inventaire de ce qui définit la beauté de ces forts et de ces citadelles – hautes silhouettes emblématiques, masses imposantes au décor sobre ou surchargé, intérieurs luxueux - éclaire l’évolution du goût et des sensibilités des contemporains entre tradition française et influence italienne. Le cardinal Georges d’Amboise, bibliophile commanditaire de ces manuscrits et propriétaire de points forts qu’il construit ou réaménage, retrouvait ainsi, malgré invraisemblances et maladresses, le discours architectural, les concepts et le lexique de son temps.

Mots clés: Belles forteresses, manuscrits enluminés, Georges d’Amboise, Chroniques, Monstrelet, Bibliothèque nationale de France

Abstract: Monstrelet’s Chronicles laconically mention fortresses, with adjectives that are not very explicit. The descriptions are few and incomplete. For Jean Pichore and the Master of Philippe de Gueldre, charged with illustrating these accounts, this was no mean feat. However, the images they give are among the most successful, whatever the extent of stereotypes or elements borrowed from reality. An inventory of what define the beauties of these forts and citadels - tall and emblematic silhouettes, imposing masses with sober or overloaded decorations, luxurious interiors - sheds light on the evolution of contemporary tastes and sensibilities between French tradition and Italian influence. Cardinal Georges d’Amboise, the bibliophile who commissioned these manuscripts and owned fortifications he built or refurbished, was thus able to recognize and appreciate the architectural discourse, concepts and lexicon of his time, despite a few improbabilities and clumsiness

Keywords: Beautiful Fortresses, Georges d’Amboise, Illuminated manuscripts, Chronicles, Monstrelet, Bibliothèque nationale de France

1. INTRODUCTION

Les chroniques des XIVe et XVe siècles consacrent aux opérations de siège de la guerre de Cent ans une grande partie de leurs récits. D’ordinaire, les forteresses2 y sont l’objet de simples mentions. Les enlumineurs qui ont en charge d’illustrer ces textes réussissent, à évoquer les idées de beauté et de force associées à ces monuments, qui marquent le paysage. La puissance des bâtiments concourt à leur esthétique. Pour autant, ils ne les ont pas toujours vu. Leurs représentations, à l’intention de commanditaires fastueux, plaisantes par leurs formes et leurs couleurs sans être des relevés ou des peintures d’architecture, portent des idées et des valeurs3. Châteaux, châteaux-forts et citadelles devant être beaux dans leur ensemble comme dans leurs détails, elles témoignent des regards portés par les contemporains impressionnés par leur caractère défensif et attentifs aux seconds4. Ils ont conscience de la différence entre ornement gothique flamboyant, à la mode en France et considéré comme moderne et le répertoire italianisant renaissant qui lui est juxtaposé. Les artistes français en adoptent les motifs aussi vite qu’ils les adaptent5. Le commanditaire joue un rôle prépondérant dans ce renouvellement incessant. Le cas du cardinal Georges d’Amboise, bâtisseur, bibliophile éclairé et amateur d’art est emblématique de cette phase de transition et s’inscrit dans un projet cohérent à la fois personnel, familial et surtout politique, diplomatique, culturel et ambitieux. Le traitement iconographique des belles forteresses en est un indice. Le motif est retenu ici dans deux énormes volumes manuscrits en français conservés à la Bibliothèque nationale de France les Chroniques d’Enguerrand de Monstrelet et de son continuateur6.

2. UN EXEMPLAIRE DES CHRONIQUES DE MONSTRELET REPRÉSENTATIF DUNE PHASE DE TRANSITION

2.1. Les prodromes textuels

L’exemplaire ne porte pas les armoiries du cardinal, toutefois à la fin du second volume, au fol. 287 r figure l’indication “Pour monseigneur le Legat” désigne Georges d’Amboise (1460-1510)7. Cette compilation historique en français est caractéristique des livres pour l’aristocratie (Laffitte, 2013), genre peu représenté dans les ouvrages du cardinal conservés8. Elle s’étend de 1400 à 1467 en deux livres avec une continuation anonyme constituant un troisième livre (Wijsman, 2011). Les deux volumes, copiés sur la première édition de Vérard imprimé à Paris en octobre 14999, sont parmi les derniers manuscrits enluminés de l’œuvre10. Considéré comme une chronique contemporaine bourguignonne, le texte a eu un grand succès dans les années 1470 dans les Pays-Bas méridionaux bourguignons Habsbourg11. Un nouvel intérêt apparaît en 1500 et dans les deux premières décades du XVIe siècle en France à la cour de Louis XII. L’histoire de la Bourgogne est réintégrée dans celle de France et entre 1512 et 1518, de nouveaux textes sont ajoutés, concernant les règnes des rois de France12. Le texte de la partie ancienne jusqu’en 1467 n’est pas altéré mais réorganisé. Les volumes de G. d’Amboise sont un jalon dans cette phase de transition.

Le fr 2678, livre I, 248 chapitres13 se termine avec la mort de Charles VI en 1422 et son inhumation à Saint-Denis. Le fr 2679, livre II, s’ouvre sur un prologue, une table des matières. Les 280 chapitres s’arrêtent au fol. 287 r, le 20 mai 144414 et le livre III, 140 chapitres, au décès de Philippe le Bon duc de Bourgogne le 15 juin 1467 et son enterrement (288r-471 r)15. Le ms fr 2678 n’est pas tout à fait complet. Le texte s’interrompt trois fois16. Les fol. 43 r et 43 vo, 53 r et 53 vo, 64 r et 64 vo blancs et réglés ont remplacés trois feuillets. Ils constituent une série de solutions de continuité dans le récit, qui n’ont pas été corrigées car problématiques. Deux textes censurés appartiennent à la longue justification par Jean Petit du meurtre de Louis d’Orléans présentée le 8 mars 1408 devant le roi, les princes, des représentants de la bourgeoisie de Paris et de l’université. Le premier développe l’idée que la mort du duc d’Orléans a été perpétrée pour le très grand bien du roi, de ses enfants et de tout le royaume17. Le second défend celle qu’il est plus méritoire, honorable et licite que le tyran soit tué par l’un de ses parents que par un étranger qui n’est pas de son sang. Les passages supprimés sont odieux pour George d’Amboise, ami et principal ministre de Louis XII, petit fils de Louis d’Orléans. Ils sont aussi politiquement inacceptables comme le troisième texte censuré: une grande partie de la bulle d’excommunication du roi et de ses sujets fulminée par Benoît XIII qui l’envoie par lettres en mai 1408 à Charles VI en réponse à sa demande de se plier à la soustraction d’obédience. Le tout annonce la mutation du texte18.

L’illustration des deux volumes participe du mouvement. Le programme évolue: le fr 2678 compte 22 miniatures et le fr 2679, 52, une n’a pas été réalisée au fol. 296 r. En 1500, la répartition des miniatures dans les exemplaires illustrés se fait par moitié pour le livre I (1400-1422) l’autre allant aux livres II (1422-1444) et III (1444-1467). Celui du cardinal en compte respectivement plus 29 %, et plus de 70 % partagé par moitié entre les deux derniers livres. En 1508 la transformation est complète le livre I n’en compte que 10 % le livre II 60 et le III 30 %. La manière dont les sujets sont traités évolue d’un volume à l’autre.

2.2. Georges d’Amboise et le discours visuel

Même si le cardinal n’a pas laissé de marques de lecture ou ses armoiries, les deux volumes gardent son empreinte. Pour en prendre la mesure il convient de revenir sur quelques traits de la personnalité du commanditaire et ses compétences multiples19.

Son attachement à son lignage est essentiel. Le rappel de son identité nobiliaire et de son statut est constant20. Dans le royaume le plus peuplé d’Europe et qui a retrouvé une certaine prospérité, son parcours exceptionnel le porte au sommet du pouvoir dans l’entourage du roi de France et dans l’Église. S’il échoue aux deux conclaves de 1503, il est légat de France a latere soit l’équivalent du pape dans le territoire. Il s’inscrit dans un projet familial d’ascension entamé de longue date et qui lui survit pour partie avec son neveu Charles II d’Amboise dont il fait la carrière21. Le château familial de Chaumont-sur-Loire est un symbole de son appartenance à l’aristocratie et de l’éclat et la pérennité du lignée22. Il y réside et assiste dans la poursuite de sa reconstruction comme aussi celle de Meillant son neveu Charles II lieutenant général du roi dans le Milanais en 149823. Soucieux d’assurer la présence de sa famille en Île-de-France, le cardinal fait élever un château à Vigny, en 1504. La promotion de sa famille, qui a connu avant lui des déboires et celle de la couronne sont liées24.

Docteur en droit canon, à sa carrière ecclésiastique précoce25 s’ajoute un parcours politique. Sous Charles VIII, il est gouverneur de Normandie, la plus riche province du royaume, archevêque de Rouen en 1493. Sa carrière s’accélère avec l’arrivée au pouvoir en avril 1498 de Louis XII, dont il est un fidèle26. En juillet, il a la charge de lieutenant général en Normandie. Il est nommé cardinal en septembre, légat en France à partir de 1501, il est alors en capacité d’engager la réforme de l’Église de France dès 150227. Premier des grands ministres favoris, à la fois homme du roi, prince de l’Église, son profil est nouveau. Principal ministre et conseiller, son rôle diplomatique et politique ne saurait être minoré28. Il contribue à faire entrer le pays dans la modernité, au maintien de sa stabilité et de son unité autour du roi et aux progrès de l’État29. Les impôts restent stables, l’endettement permet de faire face aux dépenses croissantes. Organisateur hors pair, il rend possible les expéditions de Louis XII avec la reprise des guerres d’Italie en 1499. Il utilise l’architecture et les arts pour promouvoir son image30.

À la faveur de séjours, parfois longs, en Italie du Nord surtout à Milan, Gênes, Pavie, il s’est familiarisé avec les innovations qui depuis le milieu du XVe siècle se sont multipliés31. Il ne séjourne à la cour de Rome, dont il apprécie le mode de vie, que lors des conclaves de 1503. L’émulation dans le domaine des lettres et des arts entre le pape et les cardinaux, prend dans la perspective de son élection au trône pontifical une acuité particulière. Il se lance dans une stratégie d’autoreprésentation avec l’adaptation de ses résidences en s’inspirant en partie du modèle papal dans la distribution des espaces, pour les jardins et par intégration de nouveaux motifs ornementaux dont quelques éléments du vocabulaire antique. Après son échec, il accentue son effort pour prendre sa revanche sur Jules II et consacre à son activité de bâtisseur d’énormes moyens. Il fait la part belle au luxe et au confort, éléments de distinction sociale. Il intervient comme maître d’ouvrages en tant qu’archevêque de Rouen pour le palais archiépiscopal de la ville et le manoir de Déville-lès-Rouen32. Le château de Gaillon sa plus somptueuse demeure est la première réalisation architecturale majeure de la Renaissance en France33. Pour se rapprocher de la résidence royale de Blois, il se dote d’un petit hôtel particulier dans la ville34. Amateur d’art sinon collectionneur, il joue un rôle clé dans le succès en France d’Andrea Mantegna et se procure des compositions de Léonard de Vinci, Pérugin, Andrea Solario. Bibliophile, sa bibliothèque, librairie d’apparat, est constituée de manuscrits et d’imprimés, non mentionnés dans les inventaires35. La première partie des œuvres en latin réunit des manuscrits anciens, des ouvrages de dédicace36, des cadeaux du roi ou de la famille Briçonnet, premiers ouvrages à grands décors italiens qu’il possède et quelques commandes personnelles37. La partie la plus intellectuelle, la majorité des manuscrits en latin, 138 volumes vient d’Italie. Réunis pour les souverains napolitains entre 1450 et 1495, ils sont achetés au roi Frédéric III d’Aragon, réfugié en France38. Les livres en français que le cardinal souhaite voir portés à sa mort à Chaumont ne sont pas inventoriés à son décès en 1510. N’ont été conservés que les Chroniques de Monstrelet et le tome 2, de la Fleur des histoires de Jean Mansel (fr 54)

2.3. Les peintres du Cardinal

Quatre artistes travaillent entre 1503 et 1508 ou 1510 sur les deux luxueuses compilations historiques aux tranches dorées. Ils s’inspirent des manuscrits humanistes de la librairie du cardinal39. Jean Pichore, actif entre 1502 et 1521 à Paris et artiste favori du cardinal, travaille pour lui à plusieurs reprises40. Son œuvre est très variée, abondante et du coup inégale (Avril)41. Elle est réalisée, écrit-il, avec l’aide de ses enfants et serviteurs et d’autres peintres. Son atelier a une clientèle fidèle et nombreuse, dont Louis XII, Louise de Savoie et il sait s’insérer dans la production imprimée. Il se réserve la décoration des frontispices et des miniatures à la tête des chapitres, après les rubriques en rouge susceptibles de retenir l’intérêt du commanditaire. Pichore a le goût des figures monumentales, qu’il place au premier plan. Influencé par l’enluminure flamande et berruyère, il utilise la perspective atmosphérique et ses paysages sont lumineux. Il emprunte aux modèles italiens des références à l’Antiquité et la recherche de la perspective linéaire et du raccourci. Il mélange fantaisie et rigueur dans la mise en scène, use de coloris chatoyants et donne pour certains personnages des portraits. Il contribue à former un style parisien lors des commandes pour Georges d’Amboise avec entre autres le Maître de Philippe de Gueldre42. Ce dernier travaille à Paris43, il intervient dans le fr 2679 à la fin, créant chez Pichore une émulation. Robert Boyvin rouennais très prolixe44 reprend dans le fr 2678 des modèles d’autres enlumineurs. Jean Serpin autre rouennais a la charge des lettres ornées des encadrements des marges. Il emprunte au répertoire ornemental de la fin du quattrocento et en diffuse le vocabulaire auprès des ateliers rouennais et parisiens.

Dans les Chroniques, l’inspiration est renaissante plus qu’antique. L’effort d’adaptation porte entre autres sur l’équipement défensif45. Les casques bacinets fermés, armets, salades à rouelles, bourguignottes46 ne sont pas tous contemporains, certains sont récents, parfois italiens47. Aux paragnathides (couvre-joues) sont substituées des rouelles ou de petites plaques rivetées. Les décors s’enrichissent au moins pour les capitaines, les bannerets et reflètent la hiérarchie des armées, le chef se distinguant par le casque le plus ornementé48. Ils sont monochromes dorés ou gris pour Pichore et le Maître de Philippe de Gueldre49 comme les armures en totalité ou pour partie50. Le buste de Louis XII, sculpté en 1508 par Lorenzo da Muuzzano, avec une cuirasse à la romaine a pu les inspirer ce qui pourrait préciser la datation du manuscrit51. Ici les plastrons peuvent être décorés mais ne sont pas historiés, quelques dossières sont fleurdelisées. La musculature, comme dans les cuirasses héroïques de l’Antiquité, n’est pas reproduite. Quelques plastrons s’ornent au niveau de la poitrine de décors circulaires. Les protections de jambes et de pieds sont celles des harnois du XVe siècle les genouillères concentrent l’ornementation, parfois leur sont ajoutées des rouelles, les solerets sont contemporains. Comme pour le buste de Louis XII les ptéryges, lanières formant une jupe portée sous la cuirasse ou tombant sur le haut du bras, sont un élément de distinction52. Les chevaux, surtout les blancs, représentés de profil, de dos, de face avec des harnais rouges sont repris de Paolo Uccello53.

Pour les marges coexistent plusieurs traitements. Dans le fr 2678 le frontispice, une grande peinture avec cartouche contenant en deux colonnes la rubrique en rouge et le début du texte est entourée d’un cadre architecturé sorte d’édicule de style renaissant54. Ensuite sept formules sont utilisées. Six enserrent l’image et une partie d’une colonne du texte dans des marges en forme de rectangle ouvert, plus souvent en U, U renversé, en équerre ou en parallèles55. Deux types de décor coexistent. Dans quelques folios, le répertoire ornemental de la Renaissance italienne est repris56. Au fol. 23 r sur un fonds noir semé de points or, de grandes feuilles dorées sont enrichis de perles et de pierres. Jean Serpin reprend surtout le répertoire floral en trompe l’œil sur fond doré qui a fait son apparition dans l’art ganto-brugeois en 1480. Les marges sont enrichies d’oiseaux, de dragons, d’hybrides, de fruits: fraises, mûres, sans putti57. Dans le fr 2679 les marges à fonds doré prévalent, la plupart sans hybrides ou drôleries58. Au fol. 35 vo fr 2678, lorsqu’en 1407 le duc Louis d’Orléans reçoit de son frère Charles VI le duché d’Aquitaine, dans la marge figure une salamandre non couronnée, adoptée par François d’Angoulême dès avant son accession sur le trône59. Ce décor en relation avec le contenu de l’image est bien dans la couleur politique du programme favorable à la Couronne, aux Orléans60.

3. LES BELLES FORTERESSES

La décoration des deux manuscrits, définie par le commanditaire et Jean Pichore pour son équipe, tient compte, dans des chroniques appréciées pour leur précision, de la place que Monstrelet et son continuateur, accordent dans leur récit aux belles forteresses et des termes qu’ils utilisent pour les évoquer. Pour séduire le puissant cardinal, lecteur averti et passionné d’architecture, quelles images ces artistes à la mode choisissent-ils de donner de ces monuments ? Silhouettes emblématiques, masses imposantes au décor sobre ou surchargé et intérieurs luxueux apparaissent au fil des pages. Ces représentations entre tradition française et influence italienne, éclairent le goût et la sensibilité des artistes et du bibliophile.

3.1. Des images peu nombreuses et d’une grande variété

3.1.1. Le texte évoque un grand nombre de forteresses

Les forteresses, les châteaux, les fermetés structurent le récit de Monstrelet et de son continuateur. La fréquence de ces mentions est impressionnante et rappelle leur place dans les paysages. Ainsi forteresse est mentionnée 504 fois. Le mot n’est pas utilisé comme un simple synonyme de château, de citadelle. Il met l’accent sur la fonction défensive du bâtiment. Il est employé au singulier 240 fois, au pluriel 7261. Forteresse au singulier permet d’éviter la répétition du nom; de même ycelle forteresse, ladicte forteresse, s’y substituent pour des raisons stylistiques62. Au pluriel, le mot peut renvoyer à des lieux cités par le texte63 ou seulement dénombrés64. Il figure dans 14 expressions différentes avec ville: villes et forteresses (65), bonnes villes et forteresses (7), plusieurs villes et forteresses65, et dans des énumérations comme villes, châteaux, forteresses (6)66. Il apparaît aussi avec places: places fortes et forteresses (6)67. Les forts68 sont cités 25 fois. Le nombre total des forteresses évoquées n’est pas connu en raison de formules vagues comme plusieurs autres fortereses69. Surtout la recension n’est pas possible70 car l’espace concerné, mentionné 105 fois, couvre aussi bien un pays, un comté, une marche, une principauté, un royaume ou un ensemble de territoires unis par une alliance71. Pour 288 forteresses, le nom est donné72, 43 font l’objet d’une description73 brève et partielle. L’appréciation est négative dans onze cas: la forteresse est vieille (5), grande mais vieille (1)74, petite (3), faible (2) et pauvrement pourvue75. Dans 28 cas, au contraire, elle est positive et la fortification efficace: la forteresse n’a jamais été prise ou conquise en toute la guerre, elle est moult dommageable pour l’ennemi, une fois améliorée elle est plus défensable qu’autrefois76. Les superlatifs sont la règle: le chastel est moult bel et puissant, très fort, la forteresse est forte outre mesure, moult forte77. Elle est la non pareille de tout le pays, la plus belle forteresse de toute la comté. Quelques ouvrages d’exception sont merveilleux, c’est-à-dire étonnants, prodigieux. Les éléments qui font la beauté de la forteresse apparaissent quand l’intelligence des opérations les rend nécessaires. L’auteur souligne d’abord l’intérêt du site: la forteresse est forte de lieu78. Il est frappé par les fossés, grands, profonds, tant dedens comme dehors79. Plus rarement il relève la qualité de la construction. La forteresse est la mieux édifiée qui fust en tous les pays à l’environ80. Il suggère cette qualité par l’énumération des principales composantes du bâti : la forteresse est grande de circuite, murée de grosses tours et espesses81. Enfin la forteresse est bien garnie de gens et habillemens de guerre82. Les circonstances dans lesquelles elles apparaissent au cours du récit sont souvent proches, comme l’installation ou le changement de garnison, dans un tiers des cas83. Les destructions sont mentionnées 56 fois84. La forteresse est pillée et endommagée, ou détruite au cours des opérations ou à leur suite. Elle est abattue, désolée, mise en ruine85, démolie (28 fois), démolie et arasée (4), démolie de fonds en comble (2), rasé(e) jusqu’au sol86, ce qui nécessite un grand nombre d’ouvriers. Elle est incendiée, comme à Pierrefonds, dans vingt et un exemples. L’incendie peut être partiel, total ou affecter plusieurs forteresses87. Même si certaines sont hâtivement reconstruites, pour les autres, les murs, les tours, les portes abattues et détruites, les fossés remplis ne sont pas refaits, les traités le précisent en cas de restitution88.

3.1.2. Une infime partie est représentée

Les enlumineurs représentent moins de 4% des forteresses mentionnées89. Elles sont évoquées dans la rubrique en tête du chapitre ou dans un bref passage du texte peu éloigné90. Entre la rédaction du texte et celle des images, certains de ces bâtiments ont été détruits, les autres modernisés, embellis, le discours architectural, les concepts et le lexique des ingénieurs militaires et des artistes ne sont plus tout à fait les mêmes. Autre difficulté: une partie de ces édifices a aujourd’hui disparu. Les enlumineurs ont pu en observer certains ou ont eu connaissance d’autres par des représentations ou des descriptions, que nous n’avons pas. Ils peuvent aussi n’en rien savoir et ne pas s’en soucier. Les forteresses anciennes, les châteaux réaménagés et les constructions récentes sont évoqués par des silhouettes, des vues d’ensemble systématiques ou des descriptions partielles, qui font plus ou moins de place aux décors extérieurs et à la décoration intérieure.

Alors que les fortifications n’apparaissent pas dans les scènes de batailles, coups de main, débarquement et chasse, leur présence dans le paysage est quasi incontournable91 et le regard y est conduit, même quand elles sont dessinées à l’horizon. Luxe quasi royal, la plupart diffèrent peu ou prou les unes des autres. Les enceintes urbaines sont plus nombreuses en raison de leur fonction de capitale politique, économique, du nombre de leurs habitants et de leur étendue, qui les rend difficile à assiéger et à prendre sans de gros moyens92. Elles enferment un ensemble de constructions denses, dont ne sont visibles que les toits ou les parties plus élevées. L’implantation du château, de la grosse tour, de la citadelle par rapport à l’enceinte urbaine est variable, ce qui contribue à l’identification avec d’autres éléments structurants, les clochers, les établissements religieux, cathédrales et quartiers canoniaux, clôture des abbayes ou des couvents, églises paroissiales, hôtels de villes, palais93. La focalisation sur une des portes de l’enceinte urbaine tient selon les circonstances à l’arrivée d’un personnage important - entrée avec ou sans rituel ou en armes dans les villes révoltées et défaites94 - ou à son départ95. Quelques images mettent en scène l’intérieur de la ville, places, où se jouent les moments forts de la vie politique96.

3.1.3. L’adaptation esthétique et politique

Le choix des villes fortifiées tient au récit et se prête à un discours politique profrançais: Paris est la plus représentée97. Pour les villes de grande taille Paris, Londres etc l’enlumineur préfère une scène d’intérieur: audiences, délibérations, procès98. Ainsi Philippe de Gueldre, qui évoque deux capitales impériales, s’il donne une jolie vue partielle de Constantinople99, image familière, pour Rome il ne retient qu’une audience pontificale100.

Les deux frontispices de Jean Pichore, grandes peintures avec un cartouche indiquant le début du texte, se répondent. Ils s’inscrivent dans un cadre architecturé avec pilastres à l’antique, colonnes, coquille, acanthe, marbres101. Deux scènes sont juxtaposées: après la table des chapitres, fr 2678 fol. 1 r le cabinet de l’auteur, où est repris pour la plus grande partie du décor le nouveau vocabulaire et la bataille de Roosebeke102. Au fol. 11 r fr 2679 Charles VII apprend la mort de son père dans le petit ‘chastel d’Espaly’. Il est déjà revêtu de noir sur l’indication de son conseil qui le lendemain lui fait porter une robe rouge. Deuxième scène, en présence des officiers d’armes avec leurs blasons est levée une bannière de France dans la chapelle, les officiers crient alors vive le roi. Ici les blasons sont remplacés par un gonfanon aux armes de France porté par le roi d’armes du nouveau souverain. La forme est identique au gonfalon étendard des Républiques italiennes et de l’Église103. En retrait le roi d’armes de son père décédé, en tabard gris semé de lys, porte la bannière. Le tout illustre l’instantanéité de la Couronne tout en rappelant le rôle de l’Église104.

Enfin quatre images de la fin du fr 2679 témoignent de l’adoption de la pratique des enlumineurs italiens d’indiquer en lettres d’or le nom de la ville105: sur des murs blancs elles font de Troie ou de Rome, ville impériale, une ville éternelle vouée à une publicité durable, universelle. Ici le nom figure sur les courtines de l’enceinte à Neufchâtel en Bray fol. 314 r106, à Rouen au fol. 317 vo et aussi Harfleur fol. 326 vo107, avec une variante fol. 345 vo pour Bayonne ou l’inscription est au-dessus de la porte, sur une plaque de marbre rouge.

La ville de Neufchâtel-en-Bray, investie le mardi 21 septembre 1449 par Charles d’Artois comte d’Eu et le connétable Louis de Luxembourg-Saint-Pol, est prise d’assaut le 23 septembre. Le château se rend quinze jours après. La place joue un rôle stratégique dans la défense de Rouen. Le château ici en beige domine la ville assiégée par l’armée royale. Le nom en lettres d’or est sur la courtine à droite de la porte de la ville108. Des canons sont installés pour battre les murs. Ils sont gris, peut-être rappel de la destruction par Charles le Téméraire qui fit incendier la ville en 1472109, à l’intérieur l’église Notre-Dame en rose110. Le Maître de Philippe de Gueldre relit l’événement de 1449 à la lumière de ceux intervenus après: l’exécution pour haute trahison du connétable en 1475 par Louis XI. Un des canons au premier plan en bas a le connétable dans sa ligne de mire. Saint-Pol prend les clés de la main gauche. Le cavalier et sa monture sont de trois quarts dos, son armure, sa selle ne sont pas dorées, soit une présentation dévalorisante, même si le bleu de sa dossière et la croix blanche rappellent qu’il sert alors le roi. Le contraste est fort avec Charles d’Artois, comte d’Eu devant le camp en armure dorée, cotte d’armes rouge brodée d’or et chapeau bleu111. En avant plan, un long cortège sort de la ville bientôt rejoint par celui venant du château: le représentant de la ville rend les clefs. À Harfleur, l’inscription est sur la courtine beige à droite de la porte fortifiée de l’entrée. Elle s’enroule sur une tour qui présente une fissure horizontale, pour signifier qu’elle est en mauvaise état. L’enlumineur rappelle ainsi la situation critique de l’enceinte et la contribution, au résultat décevant, apportée par le cardinal. À Rouen, la ville est fermée de murs blancs au bel appareillage de pierre, à l’intérieur la nef de la cathédrale Notre-Dame, dont le cardinal a refait le portail, et une des tours carrées, en rose112. L’inscription garde la mémoire de Georges d’Amboise de ses libéralités et constitue une prière pour demander en sa faveur une récompense dans l’au-delà.

Le choix de Bayonne aux murs blancs fol. 345 vo tient à la victoire du comte de Foix et de Dunois sur les Anglais: investie le 7 août 1451, elle se rend le 20 août. Trois raisons lui valent ce traitement exceptionnel. C’est la fin de la guerre de Cent ans, le royaume de France est entièrement revenu au roi. Deuxième raison, une phrase du texte fait allusion au miracle de la croix blanche celle croix fust veue le jour de vendredi qui est le jour que nostre seigneur jesu crist fut crucifié. Elle rappelle que par le sang versé le Christ est rédempteur et que celui versé lors du siège reconstitue la Couronne113. La troisième raison tient au rôle décisif de Dunois, fils bâtard de Louis d’Orléans assassiné en 1407 et chef de fait de la famille lors de la captivité en Angleterre de ses frères. Le troisième fils de Dunois François Ier d’Orléans. Longueville (1447-1491) a été gouverneur de Normandie, connétable et chambellan de Normandie, soit un prédécesseur de Georges d’Amboise. Dans la francisation de l’œuvre de Monstrelet l’iconographie joue ainsi un rôle, sa performativité a sans doute encouragé la mise à jour du texte entre 1512 et 1518.

4. DE LA SILHOUETTE À LA VUE SYSTÉMATIQUE

Les monuments des chroniques de Monstrelet, sont par leur morphologie, les proportions, la syntaxe loin des modèles italiens114. Les représentations posent la problématique du regard porté par le lecteur à la fois sur le monument et l’image, une affaire de cultures visuelles115. La vue de profil offre une forme de connaissance empirique qui évoque une expérience personnelle, une sensation visuelle plus qu’une interprétation intellectuelle. La vue systématique, le panorama propose une vision globale de la ville à une autre échelle116. Georges d’Amboise a pu donner en modèle la vue de Florence dans la Cosmographie de Ptolémée117.

Un premier type de représentation, due à Jean Pichore, s’attache à la beauté emblématique d’une silhouette harmonieuse et toute en élévation. Il privilégie les tours, qui commandent d’une bonne hauteur les courtines, oublie les fossés et a tendance à négliger les portes, sauf quand il se focalise sur elles.

Le 26 mars 1402, le chevalier Jean de Verchin, sénéchal de Hainaut, annonce par des lettres, qu’il fait porter dans plusieurs pays par son héraut, son intention de faire des armes à Coucy118. Figure 1, au premier plan, Verchin, debout devant trois personnages, remet une lettre à son héraut, un genou à terre119.

Figure 1. Coucy. Paris, BnF, ms fr 2678, fol. 9 r). Enguerrand de Monstrelet, Chroniques (c.1508)
Source: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105465041

À la croisée de chemins de terre, près d’un bois, une colonne120 et une porte121, dont l’articulation ne se laisse pas définir, appartiennent à un bâtiment dont la nature échappe. À l’horizon, Coucy, avec ses proportions, n’est pas visible de la ville où se trouve Jean de Verchin122. Toutes les toitures sont soulignées d’or. Une colline évoque mal les abrupts de la butte témoin de la plaine de Laon et masque la partie basse du château. La forteresse est dominée par un donjon élancé qui dépasse les autres tours123. Il est couvert d’un toit en poivrière, vert et non débordant. Une ouverture est visible dans les deux premiers étages et le troisième est crénelé124. Dans les autres tours, les fenêtres sont à l’avant-dernier ou dernier étage125. À gauche, les deux étages d’une grosse tour sont couverts d’un dôme hémisphérique avec à l’arrière une vis d’escalier126. Au pied du donjon, une bâtisse au toit rouge en bâtière, avec une lucarne et une porte surmontée d’un oculus, dissimule en partie une courtine crénelée dotée d’une ouverture. Après un rentrant, se dresse une tour circulaire. Deux étages crénelés sont éclairés de baies doubles. Le dernier est en retrait, avec des créneaux et un dôme vert. Enfin, à l’intérieur de l’enceinte, un bâtiment couvert d’un toit à double pente est flanqué d’une tour crénelée au toit en poivrière. Une rivière serpente près de Coucy. La silhouette, sous un angle de vue différent de celui d’Androuet du Cerceau, rend compte avec une certaine fidélité de la beauté de la forteresse, qui à partir de novembre 1400 appartient au duc Louis d’Orléans127. Mais elle ne permet pas de retrouver le plan du château ni de repérer les bâtiments résidentiels. Elle ne donne pas le moyen de savoir la distance régulière ou non entre les tours ni de distinguer les tours semi-circulaires intercalées entre elles. Le dôme, entre autres, n’a jamais existé.

La comparaison avec la silhouette de Toulouse (fig. 2) est éclairante128. Au premier plan, le roi de France se porte vers la place et regarde la ville129.

Figure 2. Toulouse (Paris, BnF, ms fr 2679, fol. 273 r)
Source: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10544597d

L’enceinte est identifiable130. L’image montre les solutions adoptées pour rappeler l’ancienneté d’un château, préoccupation vieille de plus d’une génération, et représenter la spécificité de son appareillage. À gauche, une tour rose (le Château narbonnais)131 comprend deux archères canonnières, puis, à l’étage, d’une couleur plus foncée, une baie, un orifice de canonnière et sa visée. Elle est couronnée de mâchicoulis et de deux échauguettes crénelées. Le toit comme celui de la tour de guet est bleu et en bulbe. Dans le même ton de brique, une autre tour avec mâchicoulis se profile derrière la précédente. La ligne irrégulière de la courtine132 suit les dénivellations du terrain sans les épouser tout à fait133. Elle est commandée par une tour carrée, qui repose sur une base plus large et comprend deux étages couronnés de mâchicoulis et une échauguette d’angle. Surgit du toit, et non derrière lui, la tour des Augustins134 avec son plan octogonal, ses ouvertures se terminant en mitre par des imbrications formant au sommet des angles droits et son aiguille si haute qu’elle sort du champ. La confusion entre la tour carrée qui est une porte et le clocher tient à son plan carré puis octogonal. La courtine suivante a perdu ses créneaux mais elle a gardé deux meurtrières. Les autres tours de l’enceinte sont circulaires. Le trait le plus frappant de cette représentation par rapport à celle de 1515 est le rôle de l’élévation135.

Un second type d’images est constitué de vues systématiques. Lorsque les comtes d’Eu et de Saint-Pol prennent d’assaut Neufchâtel-en-Bray, ville et château (fig. 3)136, le Maître de Philippe de Gueldre montre à l’horizon, se découpant deux forteresses installées sur un fort lieu137, puis un gibet avec ses pendus, un calvaire et Aumale. Les assaillants ont installé leur camp de toile à quelque distance de la place.

Figure 3. Neufchâtel (Paris, BnF, ms fr 2679, fol. 314 r)
Source: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10544597d

Tout Neufchâtel est investi et battu par des pièces d’artillerie. La belle enceinte est commandée par une tour-porte monumentale au toit en hache et huit tours circulaires ou carrées avec archères canonnières, mâchicoulis et créneaux. Les toits sont en poivrière, couverts de rehauts d’or et d’un bleu profond, ou en terrasses. À droite de la tour-porte, un boulet frappe le toit d’une tour circulaire dont le second étage est éclairé de deux croisées. L’accent est mis à l’intérieur sur l’église Notre-Dame138. À l’arrière, la tour maîtresse du château, avec mâchicoulis et étage sommital en retrait, domine la ville.

5. TROIS TYPES DE DÉCORS

5.1. Un décor sobre fait valoir les beaux faits d’armes

Ils sont l’essentiel dans l’image. Quand les Français reprennent sur les Anglais la forteresse de Moynes en Champagne139 (fig. 4)140.

Figure 4. Moynes (Paris, BnF, ms fr 2679, fol. 52 vo)
Source: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10544597d

Rien ne suggère dans l’image que la place tombe grâce à une trahison141. Aucun défenseur n’est visible compte tenu de l’échelle des murs. La forteresse comprend trois courtines, qui ne semblent pas de longueur égale et qui sont d’une hauteur croissante de la gauche vers la droite. Une petite tour circulaire d’angle, avec deux fenêtres et un toit en poivrière rehaussé d’or, est à la hauteur des créneaux de la première. Elle est commandée de presque deux étages par une grosse tour circulaire, qui en compte trois. Elle a deux fenêtres au second et cinq ouvertures au dernier étage et un toit surbaissé en bulbe à côtes. Chaque étage est souligné par un cordon, le dernier est le plus proéminent. La deuxième courtine, dotée de mâchicoulis et percée de deux archères basses, est commandée de deux étages et demi par une tour carrée. Au premier étage, au moins trois ouvertures sont dans l’alignement de la défense sommitale de la courtine pour suggérer la facilité de circulation. Le deuxième étage est pourvu d’une fenêtre par face, surmontée de deux canonnières, le troisième étage est doté de deux fenêtres par face, une corniche supporte un toit bleu en hache non débordant, avec une cheminée et trois éléments de ferronnerie. La troisième courtine est talutée, au-dessus se trouvent des ouvertures, puis trois fenêtres, quatre orifices de canonnières, un mâchicoulis. La quatrième tour circulaire est sans doute la tour maîtresse. Elle est éclairée de fenêtres simples et d’une haute fenêtre surmontée de cinq oculus en réseau. La décoration se concentre au sommet de la tour avec une couronne de quatre arcatures, une corniche complexe, un toit en bulbe à côtes et un élément de ferronnerie.

À l’intérieur de l’enceinte, seul le haut des toits des bâtiments, leur ensemble ou deux étages sont visibles. L’enlumineur a mis l’accent sur la hauteur des murs, le nombre et l’harmonie des ouvertures, la facilité de circulation et l’importance de la décoration sommitale. Dans ce type de décor, les peintres jouent sur les cordons et les corniches qui marquent les étages et atténuent la verticalité de l’ensemble. De même, les couronnements, la variété des toitures et la disposition des fenêtres et des baies répondent à des considérations esthétiques plus que de défense142. Le tout reste discret.

5.2. Un décor italianisant et surchargé souligne la valeur d’un beau patrimoine

Le château occupe une place plus importante, ainsi à Bouchain (fig. 5)143, il occupe les trois cinquièmes de l’image.

Figure 5. Bouchain (Paris, BnF, ms fr 2678, fol. 285 vo)
Source: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105465041

Le corps du duc Guillaume de Bavière est emporté à Valenciennes par une porte. Jean de Bavière, qui fait la guerre à sa nièce, entre par une autre. Le plan polygonal est difficile à retrouver, mais la perspective permet d’en comprendre la complexité. L’enlumineur144 fait la synthèse des éléments constitutifs d’une belle forteresse: élévation de l’ensemble, multiplication des ouvertures, corniches et bas-reliefs, importance des défenses et de la décoration sommitales avec mâchicoulis, créneaux, guettes, cheminées et ferronneries. Sont figurées de gauche à droite: à l’arrière-plan une tour circulaire, une courtine devant une toiture rouge, une tour circulaire d’angle145. Le cortège funèbre cache une grande partie de la première porte146. Une tour d’angle la flanque, en avant-plan. Le talus est traité comme le bassin d’une fontaine et il est d’une couleur différente du reste de la tour147, peut-être pour suggérer une date de construction distincte. La seconde porte, encadrée de deux orifices de canonnières, est surmontée d’un encorbellement, où alternent orifices de tir et espaces pleins, et d’un toit débordant en ardoise, qui repose sur une corniche. La tour circulaire suivante, d’une autre couleur et très élancée, est sans doute une vis d’escalier148. Elle commande, de plus de deux fois sa hauteur, une courtine avec orifices de tir, chemin de ronde sur mâchicoulis, créneaux. L’ensemble du château est dominé par un donjon149. À l’arrière-plan, se trouvent un beau bâtiment de pierres aux nombreuses ouvertures rectangulaires et un second, en pan de bois avec étage en encorbellement reposant sur des piliers, un auvent, un toit à deux versants, un épi de faîtage. La fonction résidentielle et le décor raffiné de la forteresse paraissent ici primordiaux et compromettent sa défense, sa valeur militaire étant suggérée par l’élévation et la masse.

5.3. Au cœur de la forteresse l’apparat de la salle d’audience et de la chambre

Le Maître de Philippe de Gueldre représente (fig. 6) à Hesdin150, Louis XI et Philippe le Bon, duc de Bourgogne, à l’horizon Noyelles-sur-Mer et Le Crotoy151.

Figure 6. Hesdin (Paris, BnF, ms fr 2679, fol. 432 r)
Source: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10544597d

La ville compte neuf tours circulaires et quatre portes, dont deux placées entre deux tours. Au cœur de la forteresse et de la ville, l’intérieur de la grande salle apparaît grâce à une mansion rose. Elle a un plafond en bois et cinq verrières translucides. Une tenture couvre le mur, au sol le dallage souligne la perspective. La pièce est surmontée d’un lanterneau à crête blanche. Le toit de la salle et celui du lanterneau sont bordés d’une rangée de fleurons or.

Pour Péronne152 (fig. 7) le texte évoque la capture du comte Jean de Nevers et la prise de la ville dans des circonstances troubles.

Figure 7. Péronne (Paris, BnF, ms fr 2679, fol. 456 vo)
Source: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10544597d

Un gentilhomme bourguignon nommé Archambart, pendant un mois rencontre à plusieurs reprises le comte à Péronne mais aussi les comtes de Charolais et de Saint-Pol pour trouver le moyen de faire rendre la place. L’auteur suppose “qu’ilz eurent entre eulx aulcunes devises secretes et aulcunes conclusions”. Car le 3 octobre 1465, à 4 heures du matin, alors que le seigneur de Roubaix est en embuscade avec 600 combattants, Archambart avec douze hommes s’approche du boulevard et grâce à des échelles entre dans le château. Le groupe se fait ouvrir le donjon et se saisit dans son lit du comte de Nevers et d’autres personnages qui se mettent à crier pour donner l’alarme. Le Maître de Philippe de Gueldre donne une vue partielle de l’édifice. Le plan, un pentagone flanqué aux angles, n’est pas lisible. Un fossé sec est suggéré par l’ombre et la végétation. Trois tours, sur les quatre sont représentées153. Deux d’entre elles encadrent la porte, qui n’est pas figurée. La deuxième, à l’étage inférieur, a seule une archère canonnière alors que, dans la réalité, elles sont nombreuses et dotées de visées cruciformes154. Les trois tours comprennent un talus renforcé, deux étages séparés par un cordon, des croisées symétriques, et sont couronnés par un mâchicoulis et des créneaux Le donjon crénelé, qui commande le château, devient un édifice largement ouvert sur l’extérieur par une mansion, avec un talus et un soubassement au décor géométrique mal proportionné. Le toit est à tuiles rouges et à bordure de rive fleuronné or. Le sol de la chambre est d’un vert délicat, le plafond en bois, les murs sont ornés de tentures bleues et or. L’ensemble est confortable. Le lit imposant est garni d’une belle parure. Deux hommes en chemise y sont encore et un autre, qui s’est levé, est arrêté par les hommes d’Archambard. La tête de lit en bois est décorée de fleurons or. Le dais, les rideaux et la courtepointe sont d’un tissu rouge et or damassé, repris par les coussins blancs et rouges sous la tête des occupants du lit. Ainsi l’élégance un peu sévère des murs des forteresses procure dans les images un effet de contraste agréable par rapport au luxe ostentatoire de leur intérieur155. La couleur verte du sol de la chambre et de la cotte de deux assaillants est un indice de la trahison156, moyen le plus efficace pour prendre une place forte. Le récit de la continuation de Monstrelet et l’image s’accorde: Jean de Nevers et les Bourguignons sont déconsidérés.

6. CONCLUSION

En l’état, les deux volumes étudiés correspondent sans doute à ce que leur commanditaire attendait. Ce sont des manuscrits d’apparat couverts d’or, de couleurs denses et lumineuses. L’influence des artistes italiens correspond aux goûts du cardinal: ils ont une part prépondérante en nombre et en mérite dans sa librairie. Elle se retrouve dans les figurations de châteaux et de villes par le recours à un répertoire ornemental inspiré de l’antiquité et dans la représentation équestre du chef de guerre. Le recours à des artistes parisiens ou rouennais reste synonyme de modernité même si l’accent est mis sur les hommes plus que sur le paysage et les bâtiments. Les villes fortes sont plus représentées que les châteaux, les deux le sont avec soin malgré des images schématiques dans les lointains. Les belles forteresses disent la puissance et la richesse de la couronne par leur élévation, un héritage, formule au plan militaire obsolète retenue pour ses qualités esthétiques. Les armures dorées, les destriers, les canons soulignent le prestige et la capacité meurtrière terrifiante des armées innombrables qui s’affrontent. De manière révélatrice l’équipement personnel se limite aux lances et aux épées. La place réservée aux édifices religieux, qui marquent le paysage, tient aussi à la personnalité du commanditaire. Son ancrage normand, ses options politiques fortes, son mécénat sont rappelés dans les limites du récit. Les artistes, dans le décor, jouent sur les couleurs, mettent l’accent sur la distribution des éléments résidentiels (surtout les fenêtres) et la qualité des défenses (archères canonnières, mâchicoulis, créneaux) et insistent peu sur les structures sommitales (cheminées, ferronnerie, retraits). Seules les enceintes urbaines s’ornent de statues et sculptures. Georges d’Amboise, décédé en 1510, Jean Pichore conserve les faveurs d’une clientèle de prestige en 1509 il enlumine un manuscrit des Vies des femmes célèbres d’Antoine du Four pour Anne de Bretagne.

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1 UMR Telemme. Université d’Aix-Marseille. Correspondencia: Université d’Aix-Marseille. épartement d’Histoire. Jardin du Pharo, 58. Boulevard Charles Livon, 13007 France. E-mail: christiane.raynaud@anciens.univ-amu.fr

2 “Forteresse: place-forte dont la fonction est strictement militaire, ne se confond pas avec le château-fort qui est un logis seigneurial. Citadelle: fort ou forteresse commandant une ville, souvent placé à cheval sur son enceinte, plus rarement à l’intérieur de celle-ci. Elle sert d’arsenal et de caserne, éventuellement de réduit, au moyen âge nommé château” (Pérouse de Montclos, 2004, p. 235).

3 Les représentations dans les livres d’histoire, les romans, les armoriaux et les livres d’heures sont nombreuses. Les frères Limbourg dès le début du XVe siècle puis Jean Fouquet sont sensibles à la nécessité d’offrir des vues plus fidèles. Elle ne s’impose pas à tous et les commanditaires, même princiers, ne l’exigent pas toujours.

4 Le répertoire des éléments de défense avec les progrès de l’artillerie à poudre s’est enrichi. Le château résidence fortifiée conserve pour des raisons ostentatoires créneaux, bretèches, machicoulis en surplomb et élévation au moins de la tour maîtresse. Les enceintes urbaines, remaniées en fonction de leurs moyens, sont remparées, dotées de boulevards pour protéger les portes et les points vulnérables. Les fossés, le défilement des ouvrages, le flanquement prennent de l’importance.

5 Il n’y a pas reprise des motifs utilisés dans les créations italiennes contemporaines, ni simple transposition des ornements antiques redécouverts et mis à l’honneur en Italie, ils sont enrichis transformés. L’évolution n’est pas linéaire. La diffusion s’accentue dans la deuxième décennie du XVIe siècle (Bos, 2010, pp. 292-295).

6 Ms fr 2678 ark:/12148/btv1b105465041 et fr 2679 ark:/12148/btv1b10544597d. Sur Monstrelet, son continuateur anonyme et sa postérité: Stengers (1946, pp. 122-130); Hommel (1958, t. I, pp.107-108); Thelliez (1968, pp.9-23); Cauchies (2005, pp. 65-76); Wijsman (2011, pp.199-252). Dans l’exemplaire pour François de Rochechouart, gouverneur de Gênes, achevé en 1510 la continuation est de Mathieu d’Escouchy (Paris, BnF, fr. 20360-20362) Avril (1993, pp. 419-420).

7Madou (1981, pp. 111-122).

8 Georges d’Amboise a commandé une série de manuscrits historiques constituant en quelque sorte une histoire universelle: les Décades de Tite-Live (perdues), la Fleur des histoires de Jean Mansel, les Chroniques de Froissart et celles de Monstrelet. La valeur de Froissart pour l’étude des châteaux a été démontrée (Contamine 1998, pp. 89-101). Le Mansel, ms fr 54, porte les armoiries du cardinal.

9 Une deuxième est imprimée en juillet 1503, les deux comportent 139 chapitres. Vérard cherche à plaire à une clientèle variée, membres de la famille royale anglaise ou française.

10 Les bibliophiles, à la fin du XVe siècle, adoptent des éditions de luxe sur velin et illustrées.

11 Après 1477 et 1482 avec la guerre et la crise, le marché des beaux livres s’étiole.

12Wijmans (2011, p. 250). En 1520 l’œuvre est remplacée dans la faveur du public par des chroniques contemporaines.

13 Fol. 389 r Dieu par sa doulce pitié et miséricorde veuille avoir mercy de son âme. Amen. Cy finist. le premier volume de Enguerrand de Monstrelet.

14 Fol. 287 r …lequel depuis fut parfaict et conferme comme cy apres sera declaire en mon tiers livre. Cy finist le second volume des croniques de messire Enguerrand de Monstrelet pour monseigneur le legat.

15 Fol. 471 r Cy finist le tiers volume d’Enguerran de Monstrelet des croniques de france et dangleterre et de bourgoingne et aultres pays circonvoisins E.t.c

16 Fol. 42 voEt pour ce voult obliger ses enfans ou lit de sa [mort]. Fol. 44 r prononcer et dire pour ce diray ceste autorité de monseigneur Saint-Pol. De Convoitise; fol. 52 voc’est-à-dire qu’il le fit prince de la chevalerie des anges a jamais / fol. 54 r occisone tyrannorum per insidias, sed et bonam cautelam debet expectare et loci et temporis oportunitatem et explere, ne boni occidantur cum tyrannis; fol. 63 vone nulle audience de cause ne sera donnée à telz précheurs et transgresseurs / fol. 65 r [hommes] de nom et tenus prisonniers au louvre. Ouquel temps aussi par la diligence des gens du roy le mesager

17 Les passages supprimés: Enguerrand de Monstrelet (1857, t. I, pp.181, 217, 254).

18 L’exemplaire d’une collection privée, datant d’environ 1508, comprend une présentation du livre par Antoine Vérard à François d’Angoulème, futur François Ier (Wijsman, 2011, p. 215).

19 Sa biographie, son activité politique, diplomatique, ou pastorale, ont moins retenu que son mécénat: Janin (1996, pp. 153-161); Toscano (2009, pp. 39-76); Dumont-Fagnart (2013, pp. 9-14); Bardati (2015, pp. 187-195).

20 Le Cardinal appartient à la branche cadette de la Maison d’Amboise, les Chaumont-Amboise famille ancienne et prestigieuse de noblesse d’épée. Le statut se manifeste par des gratifications et des titres.

21 Le discours héraldique souligne la cohésion du groupe familial et sa réussite (Hablot, 2013, pp 33-43). L’emblématique de Georges d’Amboise se caractérise par sa sobriété et des innovations formelles adaptées à la nouvelle esthétique. Les couleurs et la disposition de ses armes en palée, heureux hasard, sont aussi celles de Louis XII et du gouvernement (Hablot, 2013, pp. 31-33, 43-47).

22 Le château garde son apparence de forteresse féodale, avec de puissantes tours circulaires (Bardati, 2015, pp. 273-275).

23 Les travaux datent du début du XVIe siècle. Le château est presque en entier de tradition flamboyante. Se réfèrent à l’Italie du nord: la tour avec un dôme à l’impériale, un bâtiment à portique, 16 médaillons dont 11 figurant des empereurs romains (Bardati, 2015, pp. 296-298).

24 Les réalisations architecturales grâce au discours héraldique sont présentées comme voulues par le roi au profit du clan et du souverain, qui les rend possible (Hablot, 2013, p. 47).

25 Elle ne va pas sans déconvenue: élections contestées et entrée en charge différée.

26 Il participe avec lui à la guerre folle contre la régente Anne de Beaujeu. Arrêté avec lui en 1487, il fait deux ans de prison. Il est lieutenant de Normandie en son absence en avril 1494 et le rejoint en Italie en 1495.

27 Il réforme en 1502 les couvents franciscains et dominicains et fonde l’Annonciade. Noble il a appris à manier les armes et fait la guerre avec le roi en Italie, ce qui est mal acceptée par les tenants de la Réforme.

28 Le premier est discuté par ses contemporains, surtout en raison de sa candidature à l’élection pontificale, où il est joué par ses adversaires. La concentration des pouvoirs, les conflits d’intérêts, l’enrichissement du cardinal et de sa famille sont dénoncés Hochner (2013). Son appartenance à la cour de France et de Rome l’expose à une double critique.

29 Unité de la langue, mutation des universités, initiation du mouvement de rédaction des coutumes, anticipation du déplacement du pouvoir sur Paris.

30Bardati (2013).

31Cutinelli-Rendina (2017)

32 Les travaux pour le palais urbain, débutent à son arrivée à Rouen et durent 12 ans (Bardati, 2015, pp. 334-339). Ceux du manoir, résidence extra urbaine des archevêques, concernent les jardins (Id., pp. 277-279).

33 Les visiteurs sont sensibles à son caractère défensif fossés, portes fortifiées et à l’originalité de l’association avec ce qui préfigure une maison de plaisance: Smith (2003, pp. 41-58), Lardin (1995, pp. 115-131), Bardati (2015, pp. 286-292).

34 Sont d’avant-garde: la galerie ouverte en loggia, l’escalier rampe-sur-rampe, soutenu par des consoles renaissance, la porte avec corniche (Bardati, 2015, pp. 265-267).

35Calame-Levert, Hermant, Toscano (2017).

36 Un cérémonial de la curie romaine d’Agostino Patrizzi Piccolomini, lui est dédié par un donateur anonyme partisan de son élection pontificale.

37 Ouvrages de droit ou liturgiques, Pères de l’Église et auteurs classiques les plus connus, et originalité deux livres d’images (Laffitte, 2013, p. 194). La bibliothèque n’a pas de livres en italien et les œuvres de Boccace ou Pétrarque dont il offre au roi des traductions (Laffitte, 2013, pp.189-191).

38 Il les achète en 1502-1503, au-dessous de leur valeur, et en 1509 les lègue à son successeur à l’archevêché de Rouen. Il semble séduit par leur décor et leur reliure plus que par leur contenu: saint Thomas d’Aquin, Bonaventure, Nicolas de Lyre, des traductions d’ouvrages grecs très rares: Toscano (2009, pp. 51-88), Laffitte (2013, pp. 195-197).

39 Sa collection de fleurons de la Renaissance italienne reflète l’évolution des foyers d’enluminure à Naples, Florence et Rome depuis la deuxième moitié su XVe siècle, ce qui en facilite la réception (Hermant, Toscano, 2010, p.120).

40 En 1505-1510 Les Héroïdes d’Ovide et en 1517-1518 les Chants royaux du Puy Notre-Dame d’Amiens (Zöhl, 2010, pp. 125-126).

41Zöhl (2004); Avril, Cordelier, Reynaud, (2011); Avril, Reynaud (1993); Auclair, Avril, Braunstein et al. (2001); Orth (2015); Cousseau (2016); Biotteau (1997). Leur chronologie est parfois incertaine.

42 Il travaille sur les petits formats réalisés par Vérard à la demande de Louise de Savoie comme le Paris, BnF, vélin, 2229: Vène (2010); Laffitte (1999); Delaunay (1995).

43 Il doit son nom à une grande Vita Christi, pour la duchesse Philppe de Gueldre et achève la Fleur des Chroniques de Jean Mansel. Le Lyon, B.M., ms 5125 est de lui.

44 80 manuscrits dont une soixantaine de livres d’Heures.

45 L’équipement offensif, épées et lances, est stéréotypé. Les canons apparaissent peu et disposés en batterie

46 Ils laissent souvent le visage à découvert en raison de l’usage des armes à feu. Ce ne sont pas, malgré l’ornementation forcément des casques de parade ou de joutes.

47 Un bacinetto, casque à pointe déportée vers l’arrière, sans visière, est en usage en Italie depuis au moins le milieu du XIVe siècle.

48 Le niveau le plus modeste de la hiérarchie militaire est le casque doré, la troupe porte du métal gris.

49 Les casques antiques avec crête métallique, couvre nuque, renfort frontal disposé en visière, visière rapportée sont observés par les peintres italiens et connus par le biais d’échanges nombreux avec l’Italie.

50 Des éléments textiles entrent dans la composition de braconnières, de plastrons et dossières semés de boutons dorés, de manches.

51 Son installation au pavillon d’entrée du château de Gaillon n’est pas assurée (Taburet-Delahaye E. et al., 2010, pp. 362-363).

52 Elles peuvent se limiter à la protection de l’épaule ou du bas du corps.

53 Célèbre dès le monument équestre de sir John Hawkwood frise pour la Cathédrale de Florence Santa Marie del Fiore (c. 1436).

54 Avec trois frontons, trois jeux de colonnes, torsadées ou superposées, aux fûts colorés de vert et de bleu brillants, avec chapiteau éclectique et base comme au fol. 67 r ms fr 1466 les Héroïdes d’Ovide.

55 Quand les deux colonnes de texte sont associées: un U et une équerre forment presque une marge centrale. Ces formules dans les textes sans illustration participent à leur structuration.

56 Au fol. 17 vo lourds rinceaux enrichis de perles, de pierres précieuses montées et de deux hybrides. Éclipsant par leur splendeur la miniature et peut-être plus long à réaliser, ils sont vite abandonnés.

57 Fol. 328 r Serpin ajoute un paon pour Robert Boyvin.

58 Parfois une disposition en losange ou en diagonale est utilisée à l’intérieur de la marge.

59 Jean d’Angoulême, grand-père de François Ier, est le fils cadet de Louis d’Orléans et Valentine Visconti. Au fol. 161 r des dragons se battent en marge, l’image évoque en 1412 l’ambassade envoyée par Berry et Bourgogne à Henry V.

60 S’ajoutent la promotion de l’Église, de la Normandie, une tonalité antibourguignonne et antiHabsbourg .

61Plusieurs forteresses (17), autres forteresses (1).

62Laquelle forteresse, la forteresse dessus dicte, esdictes forteresses, esquelles forteresces, toutes les dites forteresses.

63 Monstrelet donne des listes à plusieurs reprises. Celles de bonnes villes et forteresses ou de villes et forteresses (4, t. III, p. 28). Les lieux mentionnés sont au nombre de 4 (p. 188), de 35 (p. 309), de 5 pour Paris (t. IV, p. 109), 8 (p. 43), 4 (p. 96), 6 (p. 97). Il donne aussi 7 châteaux et forteresses (t. IV, p. 118) et 4 forts (t. IV, p. 136).

64 Ce qui est plus rare: 4 forteresses (ibid., t. IV, p. 351), 9 (p. 354), 2 (t. VI, p. 55), 5 fermetés (t. VI, p. 61), 24 et plus (t.VI, p. 66).

65Sa ville et ses forteresses (2), ville ou forteresse (1), villes ou forteresses (1), dans des énumérations: villes, forteresses (2), Pour Monstrelet villes et forteresses s’entend aussi bien des villes avec leur citadelle et des villes sans citadelle et de forteresses appartenant au même espace ou système défensif. L’expression ville et forteresses renvoie à la ville et ses appuis dans le plat pays. Château et forteresses semble indiquer une hiérarchie dans la capacité de défense.

66Eglises, cités, villes et forteresses (6), forteresses, village ou bonne ville (1), ville, forteresse et conté (1), cités, bonnes villes, forteresses et lieux notables (1).

67Places et forteresses (2), places, châteaux et forteresses (3), places, chastel et forteresses (1) et places, lieux et forteresses (1).

68 Sont cités aussi des bastilles (73), des lieux forts (1). Gruel (1890, pp. 85-86 et 115) parle de forts.

69Pluiseurs forteresces, aucunes forteresces plusieurs aultres de ses villes et forteresces, aultres villes et forteresses, aulcunes villes et forteresces, aulcune cite, ville, place ou forteresce, aulcunes autres forteresces, autres forteresses, toutes les villes et forteresces, moult de forteresces, des chasteaulx et fermetez.

70 Certaines forteresses ne sont pas données comme telles, quand elles sont célèbres en raison de leur valeur ou des grands affrontements dont elles ont été l’enjeu, par exemple le chastel de Harford (Monstrelet,1857-1862, t. II, p. 82).

71 Le texte ne permet pas d’évaluer la densité de ces implantations.

72 419 noms sont mentionnés dont 288 forteresses - quatorze d’entre elles sont citées à plusieurs reprises (3 à 13 fois) - et 4 forts (pour le détail des noms donnés par Monstrelet cf. édition de la Chronique anonyme des Cordeliers par Raynaud, en cours).

73Fermetez qui est donné par Douët-d’Arcq comme synonyme de forteresses est rare (4) et ne s’emploie que pour une ville. La forteresse sans être nommée est neuf fois accompagnée d’un qualificatif: elle est vieille (5), petite (3), ou la plus belle (1).

74Gruel (1890, p. 53) à propos de Pontorson note, malgré la fortification de la ville en 1427: « on ne sceut tant faire qu’elle ne valist gueres ». Il en va de même pour les forteresses trop vieilles ou trop endommagées par l’artillerie.

75 Les jugements péjoratifs portent aussi sur les châteaux: Le Quesnoy est un méchant chastel.

76 Les forteresses sont imprenables, les plus fortes, les plus puissantes. Le château est le plus excellent.

77Les plus puissantes bonnes villes et forteresses, les plus fortes places de Normandie, la ville est forte à merveille. La bastille est forte, très forte, forte à grand merveille et moult puissamment fortifiée, sa fortification est merveilleuse, elle est merveilleusement et puissamment fortifiée, elle est grande et puissante durement, grande et forte, grosse, puissante et forte.

78 Elle est en assez fort lieu, ou plus fort lieu, en moult fort lieu, la plus forte place et la mieux gardable, elle est excellentement située en forte place, située en moult fort lieu et advantageux pour grandement grever le pays, la bastille est assise en fort lieu, sur une montaigne.

79 La forteresse est moult forte d’eau, elle a de bons palis et de bons fossés, la bastille est advironnée de grands fossés, de fossés parfons à merveille, de bien parfons fossés.

80 Le chastel est le mieux édifié de la marche.

81Elle est moult forte d’eaue et de murailles. Elle est forte de lieu et de murs. Les habitants de la ville ont très bien refortifiés eux mêmes leur boulevard. Un pont est clos de petites murailles, fortifié tant de fossés comme de petits boulevards. Dans sa Chronique, Perceval de Cagny fait la liste des châteaux que Pierre d’Alençon puis Jean Ier achètent et des travaux auxquels ils procèdent (1902, pp. 11-12 et 16).

82 La forteresse est garnie de soudoiers la bastille est bien pourvue de gros canons, engins, artilleries.

83 Les autres circonstances sont: la mise en obéissance (32 fois), la trahison (7), l’assaut (26), la reddition (69), la restitution (4). La forteresse sert de base arrière pour des raids (11 fois), de refuge pour des habitants (9).

84 Le sort des forteresses est évoqué plutôt quand elles sont citées par leur nom. Les destructions représentent un neuvième de l’ensemble des mentions, un cinquième des nommées.

85 Une fois, l‘ampleur des dommages est précisée: la porte et aucunes tours sont abattues jusqu’à demi ou environ. La porte de la bastille Saint Antoine est démaçonnée par les Parisiens.

86 L’incendie est utilisé à Alibaudières, démolie, arse et abattue. Le Quesnoy est désolée, mise en feu et rué jus de fons en comble. Les bastilles sont très sensibles: elles sont mises en feu et flambe, prestement arses et démollies jusques en terre (Raynaud, 2011, pp. 149-154).

87 Trois châteaux sont brûlés ensemble. Les quatorze forteresses du seigneur de Châteauvillain sont conquises et démolies.

88 Le texte fait mention par exception de travaux de réfection, d’agrandissement, d’entretien. Les Gantois demandent la réparation des bonnes villes et forteresses endommagées, la réédification de leurs fossés et barrières. Le duc de Bretagne dédommage le comte de Penthièvre pour ses forteresses démolies. Si la forteresse de Soissons et celle d’Alibaudières sont reconstruites, Montagu réédifiée est à nouveau détruite.

89 Les enlumineurs représentent des forteresses nommées dans le texte, parfois en modifiant la répartition des bâtiments. Ms 2678: fol. 1 r, 7 vo, 9 r, 17 vo, 21 r, 23 r, 29 vo, 35 vo, 102 vo, 117 r, 130 r, 161 r, 188 r, 239 r, 258 vo, 278 r, 285 vo, 309 r, 328 r, 345 vo, 364 r. Ms 2679: fol. 11 r, 21 r, 39 r, 52 vo, 66 vo, 74 vo, 91 vo, 100 r, 113 r, 126 r, 139 vo, 154 vo, 168 r, 176 vo, 181 r, 200 r, 209 r, 217 r, 221 r, 234 vo, 237 vo, 245 vo, 258 r, 261 vo, 273 r, 276 vo. Le livre II s’arrête au folio 287 r. Pour le livre III: fol. 314 r, 317 vo, 322 vo, 326 vo, 334 vo, 339 vo, 345 r, 352 r, 359 r, 366 vo, 372 vo, 377 r, 383 r, 386 r, 393 vo, 400 r, 408 r, 413 r, 420 vo, 425 r, 432 r, 441 r, 448 vo, 454 r, 456 vo, 464 r. Quand l’espace consacré aux forteresses urbaines est très réduit, ces images n’ont pas été retenues.

90 Dans l’image, la première place revient aux personnages. Pour évoquer le système défensif qui couvre un territoire, les enlumineurs représentent un élément pour le tout. Quand plusieurs forteresses sont figurées, l’identification de celles qui ne sont pas mentionnées est difficile. Les enlumineurs peuvent ne pas retenir les éléments évoqués par le texte et en privilégier d’autres qui ne sont pas décrits: ainsi ils ne s’attachent guère aux fossés et montrent des villes mieux défendues par leurs murs que par leurs forteresses.

91 Dans le fr 2678: 1 r, 17 vo débarquement, 161 r; fr 2679: 154 vo, 339 vo, 386 r chasse, 408 r 441 r.

92 Enceintes urbaines fr 2678: 21 r , 23 r , 102 vo, 188 r, 239 r, 278 r, 328 r, 325 vo, 364 r, 376 vo. Le double dans le fr. 2679: 21 r, 39 r, 66 vo, 91 vo, 139 r, 176 vo, 200 r, 261 vo, 273 r, 276 vo, 314 r, 317vo, 326 r, 334 vo 345 vo, 359 r, 366 vo, 383 r, 322 vo, 393 r, 421r, 425 r, 432 r, 464 r. Châteaux, forteresses, forts: fr 2678: 1 r, 9 r, 285 vo, 376 vo. Fr 2679: 11 r, 52 vo, 100 r, 113 r, 236 vo, 456 vo. Absence d’indication 3 dans le fr 2678 et 2 dans fr 2679.

93 Quand le texte ne donne pas de nom et pour les réseaux de fortifications qui apparaissent dans les lointains, murs et tours surtout.

94 Fr 2678: Paris, fol. 188 r en est le contre point. Fr 2679: 176 vo, 322 vo, 383 r, 393 vo, 413 r.

95 Fr 2679: fol. 234 r en 1439 Charles VII, dont Pichore fait un portrait à partir du gisant de Saint-Denis, accompagne sur le seuil d’une porte de Paris (peut-être Saint-Antoine) sa fille Catherine de France pour son mariage avec l’héritier de Bourgogne, le comte de Charolais. L’enlumineur préfère au cortège honorable, digne d’une princesse de France du texte, une scène plus intimiste, discours partisan car Charles VII honore un vassal qui ensuite le trahit. Fol. 102 vo, Pierre des Essarts fuit Paris.

96 Fr 2678: fol. 21 r Hal et 258 vo centre ville d’Amiens,

97 Fr 2678: fol. 29 vo, 35 vo, 102 vo, 188 r. Fr 2679: 176 vo, 413 r. Londres: I, 278 r, II 168 r, 245 vo ; ont deux représentations Gand: I, 23r, II 393 vo; Compiègne: I 239 r, II 91vo; Hesdin II, fol., 425 r, 432 r; Braines I 328 r, II 39 r; et Rouen II, 317 vo et 322 v.

98 Audiences, réception ou envoi de messagers, d’ambassadeurs, nominations, prestations de serments, conseils. Fr 2678: fol. 1 r, 7 vo décès de Jean IV de Montfort à Nantes, 29 vo, 35vo, 117 r, 130 r, 309 r dont non identifié dans le texte fol. 1 r, 130 r, 309 r. Fr 2679 : fol. 11 r avènement, 126 r, 168 r, 181 r; assemblée à Gand, 220 vo, audience pontificale à Rome, 258 r, 400 r lit de justice, 454 r Bruxelles. Aux fol. 383 r, 432 r, 456 vo, est utilisée la mansion: ouverture d’un pan de mur pour découvrir l’intérieur, technique utilisée largement par Fouquet dans les Grandes chroniques de France fr 6465.

99 Fr 2679, fol. 372 r Constantinople, avec la basilique Sainte-Sophie et les détroits.

100 Fr 2679, fol. 220 vo

101 L’enlumineur Cristoforo Majorana a recours aux encadrements architecturaux pour les frontispices. (Hermant, 2017, pp. 119-130. Les références au répertoire ornemental italien ne vont pas sans lourdeur. Faut-il voir dans les marbres de couleur une allusion au cabinet de la librairie de Gaillon, sans doute pas. Le large recours aux marbres rappelle qu’il s’agit du matériau impérial par excellence, synonyme de richesse, de puissance, expression de la Romanitas dans son acception politique et culturelle (Bardati, 2015, pp. 124-125).

102 Le jeune Charles VI couronné l’emporte sur les Flamands le 27 novembre 1382.

103 En France il réunit les vassaux autour de leur suzerain.

104 Il appartient à l’évêque du Puy. Il est situé à proximité d’un des gisements de pierres précieuses les plus importants d’Europe (rubis, émeraudes).

105 Paris, BnF lat. 132 vo, Cosmographie, traduction latine de Jacopo Angeli. Le nom des villes est inscrit en lettres d’or au-dessus de chaque exemple : Milan, Venise, Florence, Rome, Andrinople, Constantinople, Damas, Jérusalem, Le Caire, Alexandrie.

106 Le texte est bref fol. 314r première colonne et trois lignes de la seconde. L’épisode est aussi évoqué par Mathieu d’Escouchy (1863, t. I, pp. 198-199).

107 Georges d’Amboise a contribué à l’aménagement du port par l’octroi de plusieurs arpents de forêts et 1000 livres tournois, suite à la démarche des représentants du port venus solliciter son aide en 1509 (Lardin, 2003, pp.15-16. L’enluminure a été réalisée avant l’intervention de Georges d’Amboise pour la susciter ou ensuite pour lui rendre hommage en soulignant ce qui reste à faire.

108 Les dégâts éventuels ne sont pas montrés, ils ont été réparés.

109 La ville a déjà été détruite en 1372. Elle est aux mains des Anglais depuis 1419. En 1472 elle est brûlée avec d’autres villes, lors du quatrième voyage en France du duc d’après Jean de Haynin (Vielliard, 2023, p. 297 et n. 2).

110 Le portail de l’église Notre-Dame de Neufchâtel, qui relève de l’archidiocèse de Rouen, a été refait à la fin du XVe siècle, en style gothique flamboyant, Georges d’Amboise a-t-il d’une manière ou d’une autre contribué?

111 Artois est en 1465 lieutenant général pour l’Île de France, la Brie, le baillage de Senlis et le duché de Normandie, gouverneur de Paris. Le tout est un hommage semble-t-il à travers son prédécesseur au cardinal nommé gouverneur de Normandie en 1490, en septembre 1494 à nouveau à la place du duc d’Orléans et le 9 juillet 1498 gouverneur de Normandie avec la charge de lieutenant général. Il cumule les plus hautes fonctions de la province.

112 La distribution des bâtiments est maladroite, le contraste est grand avec l’image au fol. 45 vo du fr 379, réalisée c. 1530-1535 par le Maître des heures d’Ango dans le Recueil des chants royaux. Sur les travaux du cardinal au palais archiépiscopal: Bardati (2015, pp. 120,121,189, 334).

113 La ville renonce à la croix rouge anglaise pour la croix blanche. Monstrelet est un des rares à faire allusion au miracle.

114 À Gaillon avant 1510, des éléments isolés du vocabulaire antique sont utilisés pour leur valeur ornementale ou selon un programme iconographique complexe et des dispositions nouvelles commencent à organiser les façades (Bardati, 2015, p. 81). Sur ces derniers points, les monuments représentés ici sont très en retrait.

115 Au plan militaire, sur les théâtres d’opérations, la nécessité d’évaluer la valeur défensive et de mesurer les monuments en cas de siège donne lieu à des rapports oraux, il faut attendre le milieu du XVIe siècle pour que des dessins soient utilisés de façon courante.

116 Un espace générique, avec un plan rempli de bâtiments possibles, circulaire il renvoie de manière symbolique à la perfection cosmique. Ce n’est pas une mise en ordre, mais une forme d’appropriation: la capture de la ville dans un seul regard. Le panorama la rend accessible, alors qu’il va au-delà des possibilités physiques réelles, tout en restant dans les limites de l’imagination Nutti (1999). Le plan perspectif articule la ratio geometrica et la ratio perspectiva, la forme et l’élévation. Les représentations de ville exécutées sur le vif qui se développent au XVe et XVIe siècles se focalisent plus sur ce qui rend la ville typique, que sur sa spécificité.

117 Ptolémée, Cosmographie, traduction latine de Jacopo Angeli, Paris, BnF, lat 4082, ouvrage provenant de la librairie royale de Naples: 132 vo Florence, 133 r Rome, 134 r Constantinople.

118 Il offre d’affronter le premier dimanche d’août les chevaliers qui voudront se battre contre lui. Ensuite sont prévus un voyage à Saint-Jacques en Galice et le retour à Coucy (Monstrelet, liv. I, chap. VIII).

119 Fr 2678, fol. 9 r, Coucy, Aisne, chef-lieu de canton, baronnie. Au sein d’une bibliographie abondante: Lefèvre-Pontalis (1928); Enaud (1961); Corvisier (1999b); Mesqui (1994); Faucherre (1994); Langevin (1994); Chapelot (2001); Bernard, Kools (2001); Bernard (2005); Corvisier (2009); Lallau (2018).

120 Le vocabulaire ornemental comprend: cannelures, rosaces, petits écoinçons, tores, cordon, boutons.

121 La toiture de couleur or, à peine visible, prend appui sur un bandeau à décor géométrique. Le fronton triangulaire est historié d’un motif qui n’est pas lisible. Un pilastre, couronné par un chapiteau, et un oculus encadrent la porte, dont l’arc est souligné par une accolade à décor végétal et à crochets, soutenu par deux petites colonnes semi engagées et leur chapiteau. Dans le reste du manuscrit, les portes de capitales sont ornées de statues dans une niche au-dessus de l’entrée, d’accolades, de rosaces et de pilastres avec cannelures et tores.

122 Trois hypothèses semblent possibles: Valenciennes 91km, Maubeuge 94 km ou Mons 110 km.

123 Aucune porte n’est visible. Le point de vue met en valeur les tours de l’enceinte castrale Il n’est pas possible avec le jeu de la perspective d’en évaluer les proportions. Celles de la basse cour et de la ville ne sont pas figurées.

124 Les créneaux du chemin de ronde sont visibles, pas les consoles de pierre pour les hourds.

125 Elles évoquent les transformations de la fin du XIVe siècle. L’aspect défensif prime. Quelques fenêtres sont intercalées entre les nombreuses archères, décalées de niveau à niveau pour assurer un chevauchement des zones de visée. Les fenêtres ménagées dans les faces latérales sont utilisées à des fins défensives.

126 De nombreuses vis ont été rajoutées au château au XVe siècle.

127Mesqui, Ribéra-Pervillé,1980. La vue du château en 1576 due à Androuet du Cerceau montre la face opposée à l’entrée.

128 Fol. 273 r, ms fr 2679.

129 Monstrelet, t. VI, p. 50.

130 J. Pichore semble avoir été gêné pour en évoquer l’étendue.

131 Cette tour paraît un vestige de l’enceinte romaine, qui comprenait tous les 35 m une tour ronde, de plus de 10 m de diamètre (Wolff, 1961, p. 32).

132 L’enceinte, commencée en 1346, comprenait des parties en briques cuites, d’autres en terre battue avec des hourds de bois Catalo (s.d) et Id. (2007).

133 Des bâtiments à l’intérieur ne sont visibles que les toits, les cheminées, les lucarnes et les fenêtres les plus hautes. Trois tours, aux fenêtres limitées aux étages élevés, sont coiffées d’un toit en poivrière et surmontées d’un étendard. Soler (2014); Friquart et Krispin (2016).

134 Le clocher du couvent des Augustins érigé sur une petite chapelle, qui fait suite à l’ancienne sacristie est bâti d’abord sur un plan carré, puis sur un plan octogonal. Il est relié au mâchicoulis de l’église par un contrefort en terrasse.

135 L’image rappelle que la ville a des constructions religieuses remarquables (Congrès Archéologique de France, 1930). La vue systématique, publiée en 1515 dans les Gesta Tholosanorum de Nicolas Bertrand, ne permet pas de préciser l’angle de vue retenu par l’enlumineur, ni de repérer les reconstructions, après le grand incendie de 1463 et ceux qui suivirent (Wolff, 1961, p. 207).

136 Fol. 314 r, ms fr 2679.

137 Un des deux est peut-être Mesnières-en-Bray (Seine-Maritime), forteresse aux tours trapues, démantelée par les Anglais au XVe siècle. Une gravure a été réalisée après la campagne d’Henri IV en Normandie en 1592 par un anonyme allemand.

138 L’église romane, transformée au XIIIe siècle est agrandie au XIVe siècle. Après l’incendie par Charles le Téméraire la nef est reconstruite au XVIe siècle (notice n° PA00100771, base Mérimée, ministère français de la culture et de la communication). Le château d’Aumale eut aussi à souffrir du passage du duc.

139? Mont-Aimé (Marne). L’édition (Monstrelet, op. cit., t. IV, p. 255) précise la forteresce de Moinies en Champaigne, laquelle estoit forte oultre mesure, et bien garnie de gens et de habillements de guerre que c’estoit merveille. La puissante forteresse, qui a été assiégée entre octobre et juillet 1424 par les Anglo-Bourguignons, l’est en janvier-février 1426 (ibid., t. IV, p. 270) puis encore de mars 1426 à mars 1427.

140 Fol. 52 vo, ms fr 2679. La représentation est dans la manière de Jean Pichore. Le caractère lourd de l’ensemble plaide pour un travail hâtif ou la main d’un disciple. Une gravure représentant le château, tel qu’il pouvait être en 1422, a été réalisée par Claude Chastilllon (1559-1616), à partir des vestiges subsistant en 1610.

141 Fol. 52 vo: En ce temps fu reprinse le forteresse de Moynes en Champagne par les gens du roy Charles, par trayson d’un Angloys qui estoit dedans. Et depuis fu rassiegee des Anglois, cest assavoir du conte de Salbery, et avecques luy plusieurs Picards, qui au dit siège continuerent tant que les assegiez furent contraintz de eulx rendre. Et se departirent les aucuns estrangiers sauvement et ceulx qui aultreffois avoient tenu le party des Anglois [fol. 53r] et Bourguignons furent executez et mys à mort. Esquelz entre les aultres fut lung diceulx , ung gentil homme nomme Gilles de Clari et fut a reddicion messire Jehan de Luxembourg, lequel après ycelle forteresse fut du tout desolee retourna en son chastel de Beaurevoir.

142 Le plus souvent, il n’est pas possible de déterminer l’appareillage de la construction.

143 Fol. 285 vo, ms fr 2678. Bouchain, Nord, chef-lieu de canton, capitale de l’Ostrevant cf. Salamagne (2001, pp. 224, 231, 233); Corvisier (1999, pp. 261-282); Monstrelet (1857-1862, t. III p. 173) évoque la mort du comte de Hainaut en 1417.

144 La manière est celle de Pichore, la maladresse de l’ensemble plaide pour un travail hâtif ou de la main d’un disciple.

145 Le toit en poivrière de la tour est surbaissé et décalé.

146 Elle est couronnée de mâchicoulis, le merlon central est remplacé par une lucarne, seul un versant du toit est visible.

147 Un premier comprend au-dessus d’une ligne de boutons une baie trilobée avec deux écoinçons et des crochets sur deux façades. Entre deux corniches un bas-relief rectangulaire dont il n’est pas possible de déterminer le sujet. Le dernier étage comprend une fenêtre haute avec baie géminée et un jour, des mâchicoulis, des créneaux, une cheminée, un toit en bulbe à côtes, une ferronnerie volumineuse.

148 Elle comprend cinq orifices de tir circulaires, deux meurtrières rectangulaires, peut-être une archère en rame, des mâchicoulis sur console, un toit en poivrière et un élément de ferronnerie.

149 Il est éclairé par une croisée et comprend aussi mâchicoulis sur console, créneaux, cheminée, toit en poivrières avec une petite lucarne (Corvisier,1999b).

150 Fol. 432 r, fr 2679, Le Hesdin, aujourd’hui Le Vieil-Hesdin, Pas-de-Calais. Fiche Mérimée PA62000060; Petit (1977, pp. 545-572); Jacquier (2001, p. 158); Salamagne (2001, p. 231). Lorsque Louis XI apporte à Philippe le Bon le montant du rachat des villes de la Somme à Hesdin, après avoir examiné la ville et le château, transformé en résidence princière, il propose en échange Tournai, Mortaines et d’autres, le duc refuse. Intervient alors un second séjour, décrit par le texte et illustré. Le 27 septembre1463 Louis XI rencontre à nouveau son oncle à Hesdin et lui propose 200 000 écus pour racheter Lille, Orchies, Douai. Philippe le Bon, n’étant pas disposé à voir se créer une petite Flandre royale française, au milieu des Pays Bas méridionaux, refuse en affirmant sa volonté de maintenir l’héritage de Philippe le Hardi (Martens, 2007, pp.107-112). À gauche le roi couronné argumente, le duc de Bourgogne lui oppose un refus vigoureux.

151 Noyelles-sur-mer (Somme, arr. Abbeville, c. Abbeville-1) notice n° PA00116214, base Mérimée. Le Crotoy (Somme, arr. Abbeville, c. Rue), forteresse construite en 1366 par Édouard III et détruite en 1674.

152 Fol. 456 vo, ms fr 2679, Péronne, Somme, c.-l. d’arr. Une miniature d’un livre d’Heures péronnais du XVe siècle montre le donjon détruit en 1536. Taylor et Nodier (1835-1845).

153 Il subsiste des ruines de trois tours et des courtines qui les relient: Embry, Lavalard (1994), Embry (1998, pp. 215-227).

154 Deux couleurs sont utilisées comme pour Hesdin.

155 L’image n’évoque pas la réaction des habitants qui dans un premier temps veulent résister puis se rendent à l’obéissance du duc de Bourgogne.

156 Fol. 457 r Il fut de commune renommée que le comte de Nevers l’avait voulu ainsi ‘affin quil ne semblast au roy à qui il avoit fait serment qu’il l’eust vendue de son gre on disait aussi que par ce moyen le comte avait obtenu un accord avec le duc et son fils, dans l’immédiat il est emprisonné au château de Béthune.